dimanche 15 mars 2015

Le Voyant, de Jérôme Garcin


Il y a quelques semaines, je me suis proposée pour faire partie des lecteurs et lectrices des quatre romans sélectionnés pour le Prix Relay des Voyageurs Lecteurs et coup de bol, j'ai été choisie avec 19 autres lecteurs de Babelio!
Voici donc ma première lecture, et j'avoue, je ne suis pas entièrement conquise.
Si ça vous intéresse, voici le lien vers le prix Relay: http://prixrelay.com/category/actualites/


Dans Le Voyant, Jérôme Garcin sort de l'ombre Jacques Lusseyran dont il n'aura de cesse de vanter le destin hors du commun.
Aveugle à huit ans suite à un stupide accident, résistant à vingt, déporté dans les camps de Buchenwald en 1944, rescapé, puis universitaire aux Etats-Unis puisqu'en France les non-voyants ne peuvent enseigner à cette époque, cet enchaînement de circonstances est en effet remarquable, mais ce qui rend le récit encore plus intéressant, plus profond, c'est ce que la cécité lui apportera.
Une semaine après l'accident, l'enfant constatera avec surprise et soulagement que loin d'être plongé dans le noir, il se retrouve entouré de lumière et de couleurs: dorénavant chaque lettre sera rouge, verte, bleue, plus tard, ce sera ce regard dorénavant tourné vers l'intérieur qui sera sa force, son courage et sa clairvoyance.
La matière de ce livre est ample et pourrait être passionnante si Jérôme Garcin n'avait pas exprimé la nécessité d'insister lourdement sur la vie et le caractère exceptionnel de cet être hors du commun, injustement traité ensuite et retombé dans l'anonymat dès sa mort.
Lui qui critique gentiment le style ampoulé, emphatique de son héros ne semble pas se rendre compte qu'il en est de même pour son écriture, qui m'a régulièrement gênée parce qu'elle m'a semblé si peu naturelle et fluide.
Si après cette lecture je suis impressionnée par la vie de Lusseyran, je ne me suis pas attachée à lui, je n'ai pas été particulièrement émue non plus, même si le chapitre sur Buchenwald apporte quelques nouvelles pierres à l'édifice.
Malgré ces quelques reproches, je sais déjà que je n'oublierai pas ce récit facilement, et c'est déjà un bon point.

J'étais aveugle pour les autres. Moi, je l'ignorais, et je l'ai toujours ignoré, sinon par concession envers eux.
Plus tard, il dira : " Je ne voyais plus avec les yeux de mon corps, je voyais avec les yeux de mon âme."


Jacques Lusseyran a écrit notamment Et la Lumière fut, récit autobiographique, qu'il réécrira des années plus tard en anglais (une version différente donc de la première) sous le titre And there was Light.

Lu dans le cadre du Prix Relay des Voyageurs Lecteurs 2015,

Dans cette vidéo, Jérôme Garcin résume le livre. Il y dit notamment qu'il s'agit d'un exercice "d'admiration".


3 commentaires:

Frédéric Schiffter a dit…

Est-il vrai que vous fûtes mon élève? Quand? Où? Vous en êtes-vous remise?

Myrthe a dit…

Quelle surprise! Vous êtes sans doute tombé sur une de mes critiques. En 1995 à Orthez, terminale L (cinéma) et oui je m'en suis remise, en général j'appréciais vos cours en comme vous avez pu le lire, j'en ai gardé quelques souvenirs.

Frédéric Schiffter a dit…

Je suis ravi de vous retrouver. Votre critique me touche. Votre blog me plaît. Je vais de ce pas le signaler sur ma page.