dimanche 22 mars 2015

De l'un à l'autre : Danser les Ombres / L'Homme qui rit

C'est une expérience née de mes années de fac en Lettres Modernes: quand on lit deux livres en même temps, même s'ils sont d'apparence totalement différents -thème, style, genre, époque... - on trouve régulièrement des points communs, des éléments de comparaison!
Ca m'est arrivée entre un essai féministe de Nancy Huston et un livre pour enfants, par exemple. Ca m'arrive en fait si fréquemment que j'ai décidé d'en faire ma propre petite rubrique sur mon blog§

Cette fois-ci, ce sont deux romans que j'ai enchaîné. Danser les Ombres de Laurent Gaudé, fini hier matin, et L'Homme qui rit du grand Hugo, commencé hier soir.
Ceux qui ont lu l'un ou l'autre se souviendront sans doute de l'atmosphère lugubre, fantomatique de l'un ou l'autre texte, le premier en deuxième partie, le deuxième dans les premières pages.
J'ai quitté Danser les Ombres sur un flot de Morts errant dans les rues de Port-au-Prince après le séisme, des anciens réveillés de terre et venant retrouver leurs proches, d'autres ignorant qu'ils sont morts lors de la catastrophe.

Baron Samedi a lâché ses esprits. Ce sont eux qui griffent les portes en bois. Ce sont eux qui cognent contre les murs comme s'ils voulaient finir ce que Goudou Goudou a commencé. Les fossoyeurs de baron Samedi gémissent, Gédé Fouillé creuseur de trous, Gédé loraj, protecteur des morts violentes... Ils grimacent et tapent du poing parce qu'on leur a volé leurs morts.


Dans L'Homme qui rit, un jeune garçon est abandonné au bord de la Manche dans une lande enneigée. Il y entend tout d'abord le gémissement d'une chaîne, avant de découvrir le cadavre d'un homme pendu à un gibet.

L'enfant était devant cette chose, muet, étonné, les yeux fixes.
Pour un homme c'eût été un gibet, pour l'enfat c'était une apparition.
Où l'homme eût vu le cadavre, l'enfant voyait le fantôme.
Et puis il ne comprenait point.
Les attractions d'abîme sont de toute sorte; il y en avait une au haut de cette colline. L'enfant fit un pas, puis deux. Il monta, tout en ayant envie de descendre, et approcha, tout en ayant envie de reculer.
Il vint tout près, hardi et frémissant, faire une reconnaissance du fantôme. 

Monde des profondeurs, de ténèbres et d'esprits errant, voici dans quoi mon propre esprit flotte actuellement...
Dans ce chapitre de L'Homme qui rit, j'ai appris également que ce sorte de gibet, auquel on pendait des contrebandiers sur les berges longeant la Manche, étaient courants dans le passé et servaient à dissuader les contrebandiers. On goudronnait les corps des cadavres pour les faire durer, évitant ainsi de pendre davantage de coupables à titre d'exemples. 

Pour en savoir plus sur Danser les Ombres, vous pouvez lire mon article à Laurent Gaudé.

1 commentaire:

Topinambulle a dit…

Tu me donnes envie de lire les deux ! J'aime aussi ces liens entre les livres, qui traversent les époques et les frontières. J'ai tendance à m'attarder plus au style qu'à la thématique, alors de faire des rapprochements comme ça, cela m'aide parfois à mieux comprendre le propos des livres. Bravo pour cette nouvelle rubrique ! J'adore :)