mercredi 3 juin 2015

Mes cent Démons! de Lynda Barry






















Les cent démons, c'est avant tout un exercice de peinture, à partir d'une pierre à encre et d'un bâton d'encre, à créer les démons qui révéleront les démons intérieurs.
Des démons intérieurs, Lynda en a pas mal, à commencer par la souffrance d'avoir une mère peu aimante mais aussi un secret qu'elle s'est appliquée à effacer de sa mémoire.
Originaire en partie des Philippines mais rousse aux taches de rousseur, élevée par une mère acariâtre et aigrie et une grand-mère beaucoup plus affectueuse dans une banlieue populaire américaine, Lynda est un garçon manqué mal dans sa peau, un peu décalée, inadaptée qui ne rêve que de s'intégrer.
On apprend, par ce roman composé de courts chapitres, ses débuts d'artiste, ses expériences précoces des drogues et de l'amour, son mal-être et les influences de ses origines philippines.
A la quarantaine passée, Lynda Barry se retourne vers cette enfance qu'elle essaie d'analyser, tentant de comprendre la nature de ses oublis et de ses comportements, bafouant si nécessaire les idées figées et préconçues qu'on peut avoir sur la résilience des enfants en difficulté psychologique.
Outre ce travail d'analyse, l'originalité de cet album, c'est ces double pages qui introduisent à chaque fois le chapitre, composées sous forme de scrapbooking rappelant les illustrations qui suivent avec rajouts de photos, de découpages papier etc... bref un vrai travail de création.
Ce roman graphique a fait partie de la sélection officielle du Festival d'Angoulême 2015. Lynda Barry est une artiste connue depuis de nombreuses années aux Etats-Unis pour ses publications dans les journaux. A ce propos, on a souvent tendance à oublier, fiers de la production de notre pays, que les Etats-Unis regorgent d'auteurs de bande-dessinée tous plus talentueux les uns que les autres.

Cette capacité à exister de façon morcelée, c'est ce que les adultes appellent la résilience. Et je pense qu'en un sens c'est une forme cruelle de résilience qui fait croire aux adultes que les enfants oublient les traumatismes.





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