mercredi 29 avril 2015

Les Minuscules, de Roald Dahl

Enfant, je suis passée à côté de Roald Dahl: inconnu au bataillon. c'est dommage, j'aurais sans aucun doute adoré.
Mais je me rattrape. Je connais bien sûr certaines adaptations cinématographiques de ces livres, mais voici le premier que je lis de lui.

Petit louis finit, un jour, par désobéir à sa mère et pénètre dans la grande forêt dont on dit:

interdite , interdite, la forêt,
 facile d'y entrer 
 impossible d'en sortir. 




La mère de Petit Louis lui rappelle que dans cette forêt qu'il voit par la fenêtre il y a des Ecornouflons, des Kpoux Vermicieux mais surtout, l'Horrifiant Engoulesang Casse-Moloch Ecrase-Roc. 
Cependant, Petit Louis, n'y croit pas: encore un truc pour l'empêcher d'y aller. Alors, ben, il y va.

La forêt est grande, majestueuse et silencieuse comme une cathédrale. Silencieuse? Non: des halètements, un souffle, des renâclements se font entendre de plus en plus fort, puis des nuages d'une fumée rouge et le bruit d'un galop assourdissant: le monstre de la forêt, qui a un feu dans le ventre pour rôtir ses proies, le poursuit. Il est affamé! Petit Louis court, court et se réfugie dans un arbre, sur lequel il rencontre Les Minuscules.


Ah Les Minuscules: voici bien un peuple qui m'aurait fait rêver enfant!
Beaucoup de contes, de légendes exploitent déjà le thème des êtres minuscules, mais y a pas à dire, ça fait rêver. Les petites fenêtres, les petites maisons dans les arbres, les voyages en rouge-gorge, pinsons, moineaux... Et puis ce petit garçon, Petit Louis, n'est-il pas beaucoup plus grand qu'eux et plus fort? Ne pourra t-il pas libérer la forêt de ce monstre?

Ce livre n'est visiblement pas le plus connu du public. Mais le récit tout autant que l'écriture en elle-même - simple, précise, riche, modulée dans le rythme, tantôt inquiétante, poétique, légère et amusante - et que les illustrations de Patrick Benson - douces, évocatrices, subtiles - est passionnant. Je l'ai lu d'une traite à deux petits bouts de 4 et 6 totalement investis dans le récit. 

 Et puis, c'est vrai, c'est une bonne introduction au Voyage de Gulliver, à lire dans quelques années!


vendredi 24 avril 2015

Ralph Ellison, Toni Morrison et les autres

Un point m'a particulièrement surprise en commençant Home de Toni Morrison: jamais il n'est fait allusion à la couleur de la peau du personnage et, imaginons, si on lisait ce roman couverture masquée - tellement il est évident que les personnages de Toni Morrison sont noirs - on pourrait très facilement se méprendre.
Toni Morrison
Dans un roman américain, français, anglais ou européen de manière générale, l'auteur se débrouille toujours pour préciser si un des personnages n'est pas blanc, or ici: rien.
Ca m'a dérangée. Et ça m'a dérangée que ça m'ait dérangée! Après tout, a-t'on vraiment besoin de marquer sans cesse cette différence? Doit-on toujours signaler cette différence de couleur "j'ai vu un magnifique enfant noir qui jouait dans le parc"?
Toni Morrison, dans son roman, semble vouloir dire non en tout cas. Ses personnages sont, c'est tout.
Ralph Ellison
Dans Homme Invisible, pour qui chantes-tu? de Ralph Ellison, le personnage s'identifie toujours en négatif des Blancs. Tous ses gestes, ses paroles, ses choix sont dictés par la réaction que pourrait avoir le Blanc. Nous sommes dans les Etats du Sud des Etats-Unis dans les années 40, mais je donnerais ma main à couper que cette attitude plus ou moins inconsciente prévaut encore dans ces états.
Tout ce qui n'est pas blanc est Autre, par défaut, voilà un système de pensée qu'il est dur d'enrayer même pour les plus ouverts. Doit-on arrêter de dire Un Noir - c'est presque déjà fait - un Black - plus cool mais finalement, le sens est le même! - et ne plus rien dire du tout?
Et que penser des pays d'Amérique du Sud, où chaque habitant est le fruit de mélanges à toutes les sauces et où on peut appeler son meilleur ami "negrito" qu'importe sa couleur, où on compare les différentes nuances de couleur de peau sans provoquer aucune gêne sinon la nôtre, Européens?






Je voyais sur leurs mentons, à la place de leur jus de tabac favori, scintiller de l'écume de sang, et sur leurs lèvres, le lait caillé des mamelles flétries d'un million de nounous noires à l'état d'esclavage; moyen perfide et fluide de connaître notre essence, absorbée à notre source même et maintenant régurgitée tout aigre sur nous. Ceci est notre monde, disaient-ils en nous le décrivant, ceci, notre horizon et sa terre, ses saisons et son climat, son printemps et son été, et son automne et sa moisson, pour une durée inconnue, millénaire; et ceci, ses inondations et ses cyclones, et eux-mêmes figuraient notre terre et nos éclairs; et ceci, nous devions l'accepter et l'aimer, l'accepter même si nous ne l'aimions pas.
 Homme Invisible, pour qui chantes-tu? 


mercredi 22 avril 2015

Le Prince des Lisières, d'Hélène Cadou

Dernier recueil d'Hélène Cadou, le Prince des Lisières se divise en plusieurs chapitres aux couleurs blanches: l'hiver, l'ange, le pays.
Elle y tutoie un prince, un roi, un être disparu, elle y oscille entre deux sentiments, joie et plénitude ou mélancolie et souffrance.

La nature y est omniprésente, figée, silencieuse et pourtant animée d'un battement d'aile ou d'un rayon de soleil, comme un coeur s'éteignant recommencerait à battre par instants.

Hélène Cadou revient sur le passé, les premières croyances et les espoirs, les sensations qu'on peut ressentir enfant aux changements de saison.

Je n'ai pas vraiment pénétré dans ces poèmes qui m'ont semblé empreints de lassitude, sans aucun doute liée au grand âge d'Hélène Cadou lorsqu'elle l'a composé.

lundi 20 avril 2015

Le Prix Relay des Lecteurs Voyageurs

Après avoir lu les quatre romans sélectionnés pour concourir au prix Relay, voici mon bilan perso.

Tout d'abord, c'était un plaisir de découvrir ces livres que je n'aurais, pour deux d'entre eux en tout cas, sûrement jamais lu sinon.
Sur les quatre, trois sont biographiques. Est-ce que ça reflète une tendance de la littérature française actuelle? Il se trouve que c'est un genre que j'aime beaucoup, tout comme le thème du voyage et en ce sens j'ai été servie puisque je suis allée en Haïti, aux Etats-Unis, au Kenya et au Danemark en l'espace de quelques semaines.
Aucun de ces livres ne m'a ennuyée, je les ai lus et finis avec grand intérêt mais j'en ressors avec des sentiments assez différents.
Le premier m'a agacé par son ton et le personnage de Lusseyran, au lieu de m'avoir fasciné, m'est devenu plutôt antipathique. Il s'agit du Voyant de Jérôme Garcin.
Le suivant, dont la lecture est agréable et teinté de nostalgie, est promis, je le crains, à une amnésie rapide... je ne suis pas sûre d'en retenir grand chose dans le futur. Il s'agit d'Un parfum d'Herbe Coupée de Nicolas Delesalle.
Danser les Morts, de Laurent Gaudé, aura nécessité d'un peu d'insistance pour que je le lise vraiment, mais une fois plongée dans le récit, je l'ai trouvé captivant et enrichissant.
Mon petit favori est Baronne Blixen de Dominique de Saint-Pern, portrait sans concession d'un écrivain fascinant que je ne connaissais pas plus que ça.

Voici donc mon palmarès: 

1. Baronne Blixen, de Dominique de Saint-Pern




2. Danser les Morts, de Laurent Gaudé




3. Un parfum d'Herbe Coupée, de Nicolas Delesalle



 4. Le Voyant, de Jérôme Garcin



Je remercie encore une fois le site Babelio et les organisateurs du Prix Relay, ainsi que les différentes maisons d'édition (Préludes, Acte Sud, Stock et Gallimard) de m'avoir permis de découvrir ces quatre romans.

Baronne Blixen, de Dominique de Saint-Pern


Quel délice de passer ainsi du Kenya au Danemark en suivant les traces d'une grande dame excentrique! Baronne, aventurière, propriétaire d'une plantation en Afrique, puis écrivain, Karen Blixen ne pouvait qu'inspirer les biographes. Dominique de Saint-Pern prend le parti de commencer cette biographie lorsque Karen Blixen a déjà une quarantaine d'années et s'apprête à quitter le Kenya contre son gré, alors qu'elle y a vécu dix-neuf ans. 
Elle choisit également Clara Selborn, exécutrice littéraire de l'écrivain, comme narratrice réinventée de ce roman qui la voit rencontrer Meryl Streep à l'occasion du tournage de Out Of Africa. Les deux femmes, selon la volonté de la biographe, passent ainsi des moments d'échanges et de rencontres autour de la vie que Blixen a menée au Kenya une cinquantaine d'années plus tôt. Sa ferme, les gens de sa plantation, puis ses luttes, son attachement à ses terres, son amour pour Denys Finch Hatton, ses exubérances frivoles, tout cet univers se dessine sous nos yeux, empli de senteurs et des couleurs flamboyantes de la savane. 
Au-delà de cette histoire personnelle, on y lit cette faune d'enfants d'aristocrates danois, anglais, norvégiens, enfants terribles d'un vieux monde dans lequel ils étouffent et vivant sur cette terre sauvage comme sur un terrain de jeu: drogues, sexe, safaris, un monde incestueux dans lequel tout le monde est lié d'une manière ou d'une autre; on peut y deviner enfin la voix distante mais présente de Dominique Saint-Pern, qui, sans condamner le comportement de ces colons, n'hésite pas à montrer, parfois, leur paternalisme révoltant.


par Peter Beard
Clara Selborn ne connaît le passé de Karen Blixen en Afrique que par ce que celle-ci lui en a dit, car la jeune femme, à l'époque, ne rencontrera celle qui l'envoûtera, au point de lui faire quitter des études prometteuses pour se mettre à son service, qu'au Danemark.

Deuxième partie du livre. Seule, séparée de son mari qui au passage lui aura transmis la Syphilis, la plantation en faillite, la voilà donc contrainte de rentrer vivre auprès de sa mère et d'être traitée, alors qu'elle a quarante-huit ans, comme une jeune fille sans expérience. En 1933, le poids de la société sur les femmes célibataires est encore très lourd. Cependant, grâce à ses frère et soeur, elle se plonge dans l'écriture et une nouvelle étape de sa vie commence, remplie de rencontres littéraires et d'élans furtifs jusqu'à cette rencontre avec Thorkild Bjornvig, jeune poète danois qu'elle envoûte comme elle seule sait le faire. La Karen Blixen machiavélique, sorcière, se dessine peu à peu sous des dehors de plus en plus méprisables, et pourtant, on continue à s'attacher à elle.


La lecture de ce roman a été un vrai bonheur, notamment par toutes ces images d'Out Of Africa de Sydney Pollack, qui me revenaient régulièrement. la deuxième partie, au Danemark, m'a plus semblé être une succession de petits événements, parfois maladroitement assemblés, et j'aurais aimé avoir plus de références à son travail d'écrivain, mais ce livre m'a donné envie de me plonger dans l'oeuvre de la baronne.
Je remercie vivement Babelio, le Prix Relay et les éditions Stock pour cette belle découverte!

Au matin, en miettes, elle avait repoussé les persiennes du wagon. Une vague brûlante avait frappé son visage. La brousse à perte de vue, des troupeaux d'animaux qui, jusque là, n'existaient que sur les planches de dessins. Gnous, zèbres, antilopes... quelle ménagerie invraisemblable! Le train les frôlait sans les déranger. L'Afrique, l'immense et somptueuse Afrique, lui ouvrait les bras.



dimanche 12 avril 2015

Ton ventre est l'océan, d'Anne Bihan

La Bretagne, la Nouvelle-Calédonie, et entre les deux, l'océan. Celui du père d'Anne Bihan, disparu trop tôt, celui qu'il portait dans ses yeux clairs, celui dont il lui parlait quand elle n'était encore qu'un foetus dans le ventre de sa mère, celui sur lequel il l'amenait, enfant, en lui faisant découvrir l'horizon et les moutons qui courent sur ses flancs, les bancs de poissons jouant à saute-mouton le long du bateau.
Il y a un avant et un après, La Bretagne pluvieuse et sa mort, l'enfance brisée, mélancolique, froide, solitaire, et, après le départ, la Nouvelle-Calédonie, colorée, juteuse, sauvage et mystérieuse, difficile à aborder mais qui enseigne à accepter l'ignorance.
Anne Bihan devient celle qui reliera les deux mondes:

deux pays s'étreignent là où je m'assemble

L'écriture d'Anne Bihan est vivante, dynamique, pleine de remous et de sensations, rythmée par la structure des poèmes: 

être la voix blanche qui
tourne et tourne encore                 longe
le mur des fous des                                          fissurés
estropiés    crucifiés      ramasse
à la Une et derrière la porte insonore
des chambres aseptisées


De temps en temps, elle s'essaie aux variations, dégageant d'un texte plus dense l'essentiel, des bribes formant un nouveau poème brut.

Ce recueil est une belle découverte qui s'offre à chaque lecture différemment, une belle expérience d'écriture et enfin un bel hommage au père pour lequel on ressent tout l'amour qu'elle éprouve. 
Lu dans le cadre du Challenge Poésie de Babelio.

samedi 11 avril 2015

Un Parfum d'herbe Coupée, de Nicolas Delesalle

Troisième lecture pour le prix Relay.

Nicolas Delesalle, s'adressant à son arrière-petite-fille fictive qu'il nomme Anna, replonge dans des fragments de son passé: instants de bonheur, rencontres, révélations et tout ce qu'il ne comprenait pas encore clairement que son regard d'adulte réinterprète.
Par petites touches - la lecture dans un journal d'un accident tragique de car scolaire et la mort de tous ces enfants de son âge - le décès de son grand-père qu'il connaît si peu, celle de son chien, enfin - il fait l'apprentissage de la mort, ce qui sera le fil d'Ariane de ce roman autobiographique.
Parfois nostalgiques, mais pas trop, ces instants de vie sont agréables à relire, d'autant plus que je suis à peu près de la même génération, à cinq ans près: Goldorak, l'année 1986, Balavoine, les Restos du Coeur, la fin de l'URSS, toutes ses références me parlent, bien sûr. Le roman est bien construit, donnant à la fois une impression de fulgurances des souvenirs et d'unité, le livre se refermant plus ou moins là où il avait commencé, et les chapitres en eux-mêmes sont souvent composés comme de courtes nouvelles, avec une chute finale qui chamboule le reste du texte.
Ce n'est pas un coup de coeur, mais j'ai pris plaisir à le lire.


Je ne dormais jamais avant cinq heures du matin, ça me donnait un genre, je me prenais pour les mecs qui écrivaient les livres que je lisais.

mardi 7 avril 2015

De l'un à l'autre: Pays imaginaires. le Fou de L'île, de Félix Leclerc et Ailleurs: Voyage en Grande Garabagne de Henri Michaux



Félix Leclerc semble être une célébrité au Québec, un peu comme Boris Vian peut-être, mais c'est juste une supposition. 

Je propose Boris Vian car ils sont de la même génération, ont tous les deux été musiciens, compositeurs, interprètes et parce que Le Fou de l'Ile a ce côté onirique, irréel que l'on retrouve dans les romans de Vian.
 Connu surtout pour ses chansons et son engagement envers la langue française, Félix Leclerc a également écrit poèmes, pièces de théâtres et romans, dont celui-ci, qu'un ami m'a conseillé de lire, curieux de voir ce que j'en penserais.

Un jour, un homme échoue sur l'île. Salisse, un habitant de peu de mots le prend sous son aile, l'héberge dans la grange. Rapidement, le naufragé est déclaré fou, car il cherche quelque chose d'indéfini, d'insaisissable qui vole dans le ciel et qui est sa seule raison de vivre. Petit-à-petit, d'autres habitants curieux, seuls, sans doute plus rêveurs que les autres, s'associent à sa recherche et l'encouragent à parcourir les cinq villages de l'île pour trouver ce qu'il cherche.

Ce petit roman, très onirique donc, à l'écriture poétique, n'est pas sans me rappeler le recueil Ailleurs: Voyage en Grande Garabagne de Henri Michaux que j'ai lu l'année dernière - voir plus bas -... on y retrouve ces personnages mystérieux, doux ou cruels, cette inaptitude à s'adapter à une société et une culture qui nous semble barbare. 
J'ai apprécié la lecture, elle m'a touchée par moments, mais j'ai trouvé que les personnages manquaient souvent de profondeur, n'étaient qu'une caricature d'un genre de personnages, tout comme le thème du fou plus sage que les autres n'a rien de très original.
Le début m'a paru prometteur mais finalement je me suis perdue dans cette symbolique trop vague, et je me suis même secrètement demandée si l'auteur savait lui-même de quoi il parlait exactement...! 
Une agréable découverte néanmoins, dont je garderai sans doute un souvenir un peu nébuleux.









Pays sauvages, pays aux passions complexes, aux lois iniques, pays aux nuits interminables en bord de mer et où les femmes accouchent aux bercements des vagues, pays où frères et voisins s'entretuent dans un bain de boue, sous les ovations de la foule, pays de langueurs, de fierté ou de magie, où l'on déplie les enfants, où l'on retient l'eau de couler, et où l'on entoure de brouillard - sept différents - ce qu'il y a de plus important.

Le pays de la Magie, celui des Ourgouilles, des Emanglons ou encore des Orbus. Voici ceux qu'Henri Michaux, grand voyageur, a rencontrés, imaginés, fantasmés, cauchemardés avant d'en faire ce recueil de Poèmes en prose. 

Lire ce livre, c'est comme pénétrer dans un monde parallèle, fantastique, régi par des lois incompréhensibles ou inacceptables. Mais finalement, à y regarder de plus près, les descriptions de ces pays pourraient bien ressembler à celles qu'un voyageur ferait d'un lieu totalement inconnu, présent ou passé.
La poésie de Michaux est infiniment riche, belle, émouvante et complexe. Si complexe que j'ai le sentiment de n'en avoir découvert, dans ce livre, qu'une infime partie. A acheter donc, et à relire encore et encore. Je ne connaissais encore rien de cet auteur et c'est une très belle découverte.

samedi 4 avril 2015

Victor Hugo, écrivain National!

C'est en tout cas le résultat d'une enquête réalisée pour le Magazine Littéraire, bien en tête devant Molière, Zola, La Fontaine et Jules Verne, pour ne citer que les premiers - Proust, mon cher favori, n'arrivant qu'à la 17ième place!! - Tout ça pour réaffirmer que la littérature française fait exception, par la quantité d'auteurs pouvant se disputer cette place.


Comme je l'ai dit, personnellement, j'aurais choisi Proust, et vous?

Ceci dit, à la lecture des arguments - voir le dernier Magazine Littéraire n.554 - je comprends que Victor Hugo ait été le plus plébiscité: romans, pièces, essais, poèmes, pamphlets, en quelques 80 ans d'existence, il aura tout écrit, se sera engagé politiquement, aura vécu une vie riche en événements de tout ordre, et surtout, il a une présence indéniable!


J'en viens à ma dernière lecture de lui, la première sous forme de fiction: L'Homme qui Rit.
On y retrouve, c'est évident, cet emportement, ce lyrisme gonflé à pleins poumons qui caractérise ses poèmes - j'adore Les Contemplations - alors j'aurais dû adorer ce livre. Je m'attendais à passer un moment de lecture merveilleuse, décoiffante. D'ailleurs, le début, l'abandon de l'enfant dans une lande sauvage en plein hiver, et on est en Angleterre, ce côté gothique, sombre, est magnifique et rempli de symboles qui se révèlent à la fin du roman. Puis, le naufrage des coupables, édifiant.
Mais voilà qu'arrive le premier moment difficile: la présentation des Lords et des Pairs d'Angleterre au 18ième siècle, chapitre après chapitre.
A partir de là, ma lecture des 500 pages restantes n'aura été qu'une montagne russe d'ennui et d'enthousiasme, où chaque passage captivant se dégonflait comme un soufflé par la multitude de variations qu'Hugo développait pour expliquer, en somme, la même émotion.
Bien sûr, l'histoire est belle, le destin tragique, et ce qui a amené Gwynplaine à ce destin une multitude de hasards incroyables qui ne les rendent que plus inexorables.
Je ne m'arrêterai pas là, je suis prête à tenter Notre Dame de Paris ou encore les Travailleurs de la Mer, bientôt.